Slalom, le film qui glisse hors piste

C’est aujourd’hui mercredi 19 mai 2021 que sort, enfin, le film de la prometteuse réalisatrice Charlène Favier. Sa sortie, initialement prévue en novembre dernier, à l’aube de la saison de ski, a été reportée à une date plus propice à la culture et au cinéma, date de notre libération. En parlant de libération, espérons que ce film troublant de réalisme, mène les langues à se délier…

Slalom, le film de Charlène Favier.

Piste noire

Tourné en 2019 en Savoie, sur les domaines des Arcs, Tignes et Val d’Isère, Slalom nous entraîne sur les traces de Lyz, 15 ans. Délaissée par ses parents et livrée à elle-même, la jeune fille n’a qu’un seul but dans la vie : devenir championne de ski. Dans cette optique, elle intègre le ski-études de Bourg-Saint-Maurice, passage incontournable de la piste qui mène au Graal.

Là, elle rencontre Fred, ex-champion devenu coach, en charge de la structure. Exigeant, dur, cassant, son but ultime est de mener ses athlètes vers les plus hauts sommets. Chez Lyz, il détecte immédiatement le potentiel et la prend sous son aile.

La réalisatrice aurait pu en rester là. Nous servir un récit d’apprentissage, à la dure. Slalom aurait pu raconter l’éclosion d’une championne par le travail, les sacrifices, la douleur. Mais Charlène Favier emmène ses spectateurs sur une autre piste, pas verte celle-ci.

Non, Charlène Favier a choisi le hors piste, la part sombre et les dangers de la relation entraîneur-entraîné. Un sujet sensible et délicat comme un flocon, si rarement abordé, ni au cinéma, ni dans les médias, ni même dans les partages d’expérience si largement valorisés. Influencée par sa propre expérience, Charlène met en scène l’emprise psychologique, la domination et la dépendance subies par Lyz, sa solitude aussi, sa sidération devant les actes insupportables que pourtant elle supporte…

Slalom, le film de Charlène Favier.

Dérapage incontrôlé

Avec le mouvement #metoo les langues se délient, les secrets sont “trahis”, mais combien d’athlètes révèlent l’emprise subie, parfois durant de longues années ? Combien dénoncent ? Que fait le système ? Existe-t-il une vraie prise de conscience ? Sans conteste, Slalom vient mettre en lumière un tabou.

Ce rapport entraîneur-entraîné, pas toujours aussi fluide et sain qu’il le devrait. Sa complexité, sa dangerosité pour des adolescents en pleine mutation, sans autres repères que ceux de la compétition, ces relations au sein desquelles la frontière entre confiance et emprise, autonomie et dépendance, respect et domination est ténue.

Slalom met en lumière le vécu, le ressenti du sportif, ses incohérences et ses démons, toute l’ambiguïté de l’engagement entre le coach et son poulain. Et les capacités (ou non) de ce dernier à prendre du recul, à savoir se positionner, à poser des limites. Chose ô combien difficile lorsqu’on est jeune, loin des siens, que l’on veut réussir et que la réussite comme les sélections, viennent d’une autorité toute puissante…

Plus qu’un film de ski, Slalom révèle les dessous de la compétition dans ce qu’elle a de plus noir. Gageons que nombre d’athlètes sortiront bouleversés de la projection. Espérons que cela permettra de faire prendre conscience aux instances sportives, aux parents d’une certaine réalité (pas systématique mais pourtant réelle) et de libérer la parole pour qu’enfin, les choses changent.

Slalom : Noée Abita et Jérémie Renier en action.

Equipe gagnante

Aux commande de ce drame d’une durée d’1h30, la réalisatrice Charlène Favier dont c’est le premier long métrage.

A l’affiche :

  • Noée ABITA
  • Jeremie RENIER
  • Muriel COMBEAU
  • Marie DENARNAUD
  • Maira SCHMITT
  • Axel AURIANT

Avalanche de récompenses

Slalom, on n’a pas fini d’en entendre parler, et pas que dans l’univers du cinéma même si, dans ce domaine, le film récolte les succès.

  • Sélection officielle au Festival de CANNES 2020.
  • Sélection aux rencontres nationales AFCAE de LA ROCHELLE 2020.
  • Sélection officielle au Festival du film francophone d’ANGOULEME 2020 – prix Magelis des Etudiants.
  • Sélection officielle Festival du cinéma Américain de DEAUVILLE – Prix d’Orenano Valenti 2020.
  • Sélection officielle Cannes – Festival Lumière.
  • Sélection officielle Namur – Bayard de la meilleures photographie – Yann Maritaud.
  • Sélection officielle Prix Elle – Prix d’interprétation pour Noée Abita.


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