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Virtuose de la grimpe, Julia Chanourdie signe son premier 9b sur Eagle 4
C’est un véritable exploit que la jeune championne française d’escalade a réalisé le samedi 7 novembre dernier à “Eagle 4”, au pied du Mont Ventoux, une voie extrêmement difficile cotée 9b que seuls deux hommes avaient réussi à dompter avant elle. Ce faisant, elle devient la toute première française et la troisième femme au monde à grimper un 9b, sept mois à peine après s’être offert son premier 9a+ dans le même massif.
La grimpe dans la peau
L’escalade, Julia Chanourdie est tombée dedans quand elle était toute petite. Née dans les Ardennes à Charleville-Mésières, elle grandit en Haute-Savoie et découvre la pratique dans la salle que ses parents tiennent à Annecy. Elle y fait ses armes, et quelles armes! Précoce, elle débute la compétition à 8 ans, intègre l’équipe de France jeune à 14 ans, raffle six titres de championne de France jeune et le classement de la coupe d’Europe jeune avant de s’octroyer, enfin, le titre de championne de France senior de difficulté en 2018. Au top de sa discipline, elle vise désormais les Jeux olympiques de 2021, initialement prévus à l’été 2020 mais reportés cause Covid, pour lesquels elle s’est sélectionnée en terminant seconde de l’épreuve qualificative de Tournefeuille en 2019. Au-delà de ses réussites en compétition, ce qui définit l’athlète, c’est son amour inconditionnel pour la pratique et ses qualités physiques exceptionnelles qui font d’elle l’un (et pas l’une, l’un au sens large du terme) des grimpeurs les plus doués du moment.
De “Super Crackinette” à “Eagle 4”
Si Julia brille sur les podiums, elle excelle sur les falaises. Premier 8a à 12 ans, en 2008. Premier 8C quatre ans plus tard. Premier 9a en mars 2017 à “Ground Zero” au Toit de Sarre en Italie, qu’elle est la première femme à réussir, du haut de ses 20 ans. Elle est alors la treizième femme au monde à avoir grimpé une falaise cotée 9. En enchaîne les performances et les premières féminines jusqu’en 2020 où elle grave cette fois son nom au firmament de la grimpe, avec ses deux exploits réalisés coup-sur-coup à Saint-Léger du Ventoux :
- Vendredi 13 mars 2020, juste avant le confinement, la surdouée enchaîne la voie “Super Crackinette”, son premier 9a+. Elle devient ainsi la toute première française et la quatrième mondiale à grimper une voie de ce niveau de difficulté. Elle est aussi la première femme à réaliser cette voie.
- Samedi 7 novembre 2020, en pleine période de confinement cette fois, elle s’offre “Eagle 4”, la voie 9b que seuls deux hommes ont déjà domptée avant elle (le tchèque Adam Ondra en février 2018 et le français Hugo Parmentier en janvier 2020). Elle est ainsi la première française et la troisième femme au monde à avoir accompli un tel exploit.
10 jours pour entrer dans la légende
Aussi humble que phénoménale, la jeune femme de 24 ans vient de nous montrer une fois de plus que dans certains cas, la valeur n’attend pas le nombre des années. Avec à peine dix jours d’entraînement sur la voie, et encore, pas à plein temps, la championne montre l’étendue de son potentiel.
Pourtant, elle raconte avec simplicité à l’Equipe : “Je sais que c’est une voie très dure. Mais c’est vrai que je me sentais bien dans cette voie. Je me sentais forte. Et je l’ai bien mis à profit car il fallait beaucoup de force, bien tenir les prises.” Rappelons qu’il a fallu pas moins de 23 jours de préparation à Hugo Parmentier pour vaincre “Eagle 4” en début d’année. Réussite qui a cependant inspiré Julia qui explique : “J’avais vu les essais et l’enchaînement de Hugo et ça avait l’air hyper classe. Donc je me suis dit : pourquoi pas ?”. Puis, elle ajoute avec beaucoup d’humilité : “Voilà. Pour l’instant, c’est le top du top. C’est un truc de fou d’en faire partie.”
Quand les hommes saluent l’exploit
Son exploit, ce sont encore ses pairs qui en parlent le mieux. Adam Ondra, considéré actuellement comme le meilleur grimpeur mondial, explique à l’Equipe : “Généralement, le style (de voie) que les filles préfèrent est plus long, plus axé sur l’endurance. « Eagle 4 » est très court, vraiment brutal, avec de la complexité, à la fois technique et des mouvements puissants et brutaux. Ça veut dire que Julia est très, très forte et cela rend son ascension encore plus novatrice ! ».
Quand à Hugo Parmentier, lui salue la performance hors du commun : “« Je savais qu’elle était capable de tout, mais ce qui m’a choqué, c’est de la voir réussir aussi rapidement, c’est vraiment impressionnant.” confie-t-il.
Sans complexe, Julia poursuit ses rêves. Prochaine grande échéance, Tokyo et les Jeux Olympique de 2021, où la confiance acquise grâce à ses réussites surhumaines réalisées en falaise pourrait lui servir. En témoigne ses propos dans l’Equipe : “Ces voies si dures en falaise, elles élèvent vraiment mon niveau en résistance, en force. C’est ma méthode aussi pour progresser pour la compétition. Ça me sert plus qu’un entraînement classique en salle.” Elle précise aussi que cette assurance qu’elle acquiert au cours de ces expériences lui est bénéfique niveau mental : “Le travail de voie dure, c’est dur aussi dans la tête. Être capable de me rappeler que mentalement je suis forte, ça me servira pour tout : une situation de grimpe ou ailleurs. “ Et ça, ça ne fait manifestement aucun doute !
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